Aujourd’hui, un premier bilan général peut être fait du développement structuré de ce secteur. D’abord, les chiffres en matière d’emploi sont éloquents : en 2004, le secteur des services à la personne employait plus d’1,3 million de personnes, et représentait environ 3 % du PIB. 650 millions d’heures avaient été travaillées, soit l’équivalent de près de 400 000 postes à temps plein. Concernant les entreprises, l’Agence Nationale des Services à la Personne (ANSP) observe un afflux conséquent dans le secteur, depuis un an. Si on dénombrait plus de 800 entreprises agréées fin 2005, les chiffres de l’Agence, au printemps 2006 indiquent que la barre des 2000 est dépassée. On est bien loin de l’« embryon » de la fin des années 90. Nul doute que cette enquête intéressera le secteur associatif (encore) appelé à jouer un rôle important dans ce secteur. Certaines conclusions de ce rapport laissent d’ores et déjà perplexe, notamment au regard du niveau de la qualification des personnels respectifs.

C’est dans ce contexte de développement rapide que la Direction du Commerce, de l’Artisanat, des Services et des Professions Libérales (DCASPL) a décidé de confier au CREDOC une enquête quantitative auprès de 1 000 entreprises, associations et établissements publics agréés de services à la personne, enquête dont les résultats sont présentés ici.

Les principaux objectifs de cette enquête ont été définis de la manière suivante :

  • Étudier la structure et les activités des organismes agréés intervenant sur le secteur, en portant une attention particulière aux entreprises, et notamment aux entreprises entrantes ;
  • Étudier l’emploi généré par ces acteurs : nombre d’embauches réalisées dans le passé, nombre d’embauches prévues, difficultés de recrutement, catégories d’emploi, types de contrat, durée de travail, salaire horaire, existence ou non d’une politique de formation… ;
  • Évaluer le potentiel de développement du secteur et l’impact du Plan Borloo.

Cinq principaux enseignements sont apparus au fil de cette étude réalisée auprès de plus de mille organismes du secteur des services à la personne :

1. Des entreprises aux caractéristiques spécifiques

Les entreprises, comparativement aux associations et aux établissements publics, ont des caractéristiques bien particulières :

  • Elles sont de dimension plus modeste que leurs concurrents, que ce soit en terme de chiffre d’affaires ou de taille des effectifs. Les entreprises du secteur sont majoritairement des entreprises de moins de 10 salariés.
  • Elles sont plus récentes que leurs concurrents, beaucoup étant même toutes nouvelles (54 % des entreprises interrogées se sont lancées dans les services à la personne en 2006).
  • Elles ne se positionnent pas sur les mêmes activités de services, préférant les prestations « tout public » et développant une stratégie de niches (assistance informatique, soutien scolaire…).
  • Elles proposent généralement des tarifs sensiblement plus élevés que les associations et établissements publics, du fait justement de leur stratégie de niches. Dans l’ensemble, les entreprises ont un véritable positionnement de challenger sur le marché des services à la personne.

Remarque : l’élaboration d’une typologie des entreprises confirme le lien fort entre les types d’activité proposés par la structure et l’organisation de celle-ci (cf. infra, les 5 archétypes).

2. Des structures en croissance

Les structures du secteur des services à la personne, quel que soit leur statut juridique, se situent dans une dynamique de croissance :

  • Du point de vue de leur activité, l’écrasante majorité des organismes interrogés se considère en phase de développement, sinon de stabilité.
  • Du point de vue des emplois, la majorité des structures a créé au moins un poste au cours des six mois précédents l’enquête et / ou compte en créer au moins un dans les six mois à venir.

Les entreprises apparaissent globalement comme les structures les plus optimistes. On retrouve ici leur positionnement de challenger, caractérisé par une dynamique de croissance, sinon de conquête du marché (77% des entreprises interrogées estiment que leur activité progressera dans les six prochains mois).

3. Une précarité de l’emploi qui ne facilite pas le recrutement

Si la dynamique de l’emploi est très positive sur le secteur, celui-ci reste caractérisé par sa précarité :

  • Le temps partiel est très fortement utilisé (avec un taux ETP / personnes physiques de l’ordre de 54 %), même si cela est un peu moins vrai dans les entreprises que dans les associations et les établissements publics.
  • La place du CDI est sensiblement plus faible que dans l’économie nationale prise dans son ensemble. Remarque : on note une nette percée des CNE, qui semblent se substituer aux CDD.

Par ailleurs, les entreprises en croissance évoquent des difficultés de recrutement, notamment pour les emplois les moins qualifiés. Du reste, concernant ces emplois peu qualifiés, de nombreux organismes se plaignent d’un turn-over trop important.

4. Des niveaux de qualification divers

Les niveaux de qualification sont très variables dans le secteur et dépendent de différents paramètres.

Deux enseignements majeurs :

  • D’abord, et contrairement à une idée reçue, il semble bien que le niveau de qualification semble être supérieur dans les entreprises (34% de leurs employés ont au moins le Bac).
  • Ensuite, ce niveau de qualification dépend fortement des types d’activité principale proposés par les structures (on note ainsi un écart très net entre les prestations relatives à l’entretien de la maison et l’assistance informatique).

A signaler : les entreprises semblent avoir de gros efforts à faire en matière de formation de leur personnel. Même les plus anciennes sont considérablement en retard sur ce point par rapport aux associations et aux établissements publics.

5. Une vision très positive du secteur et du Plan Borloo mis en oeuvre pour le développer

L’étude met clairement en évidence l’optimisme généralisé des structures de services à la personne, qui considèrent leur marché comme très porteur.

Trois nuances peuvent être apportées à ce constat :

  • Les organismes évoquent des difficultés pour se développer autant qu’ils le souhaitent (complexité administrative, marchés protégés, manque de visibilité…).
  • La montée en puissance du CESU préfinancé est encore très inégale : elle dépend des types d’activité proposés, de la nature juridique de la structure, de la taille d’agglomération. L’utilisation du CESU est ainsi plus fréquente pour les activités d’entretien ménager, alors qu’elle est très faible pour celles liées aux personnes dépendantes. Les établissements publics ainsi que les structures situées en milieu rural sont par ailleurs les moins concernés.
  • Un certain nombre d’associations craint que la montée en puissance de la concurrence, du fait de l’impact du Plan Borloo, ne les menace individuellement sur leur marché.

Reste que l’étude confirme que le secteur des services à la personne est un vrai moteur pour l’emploi, soutenu par un Plan Borloo qui, du point de vue du dynamisme sectoriel, fait l’unanimité.

Source : CREDOC

 

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